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La salle était vide, à présent ; les élèves étaient rentrés chez eux. Riggins se demanda s’il n’avait pas fait voler en éclats d’un claquement de doigts l’assurance de tous les agents du pays. Personne ne souhaite s’avouer terrifié par une affaire.
Riggins avait prévu cette réaction depuis le début. Il regrettait d’avoir suivi ses supérieurs plutôt que son instinct. Ce n’était pas leur faute non plus : eux aussi obéissaient aux ordres venus d’en haut.
Constance Brielle s’approcha et posa une main sur son épaule.
— On vous attend en bas.
— Génial, fit Riggins. De la balle. C’est bien comme ça que vous dites, vous les jeunes ?
— Je ne sais pas, Tom. Cela fait quinze ans que je ne suis plus une ado.
— Bah, vous êtes encore jeune.
— Je ne sais pas pourquoi, mais, venant de vous, c’est presque un compliment.
Elle s’efforça de sourire, et Riggins lui en fut reconnaissant. Il aimait bien Constance, parce qu’elle lui rappelait Dark, avant qu’il lui arrive tous ces trucs de dingue. Constance était intelligente. Une dure à cuire. Le genre attiré par la flamme, mais assez vive pour éviter de s’y brûler les ailes. Elle appréciait qu’on reconnaisse ses compétences. Une gentillesse – même un simple bravo ! suffisait à la combler pour des mois.
C’était aussi une femme particulièrement jolie, dont les lèvres pulpeuses et les mains menues attiraient tout de suite le regard. Ses cheveux tirés en arrière et attachés avec une pince toute simple dégageaient les arêtes élégantes de son visage. Cela dit, Riggins n’aurait jamais imaginé la draguer. Il avait déjà donné de ce côté-là : depuis, une de ses ex-épouses lui en voulait à mort.
— Allons-y, dit-il. Et finissons-en.
Une conférence internationale était prévue pour 8 h 30.
Un consortium d’experts psychiatres comprenant des Italiens, des Japonais et des Français avait défini les critères du niveau 26 et exigeait une action immédiate. Ces pays avaient tous mis la main à la poche et attendaient à présent le nom et le CV de l’agent spécial de la DAS qui prendrait la tête de cette nouvelle cellule, aux pouvoirs et aux ressources sans limites, dédiée à la capture de Sqweegel.
Le ministre de la Défense en personne, Norman Wycoff, serait également présent, à la demande du Président des États-Unis. Apparemment, Sqweegel venait d’entrer dans le cercle très fermé des priorités nationales.
Dans quelques minutes, tous les regards seraient rivés sur Riggins. Jamais il n’avait été autant sur le gril. Déjà la sueur perlait sur sa nuque : il comprit qu’il allait finir lessivé dans son costume noir.
Constance le précéda dans le couloir, puis elle se plaça devant une rangée de moniteurs et coiffa un casque audio. Riggins se posta derrière elle, prêt au pire.
Le monde demandait des réponses, mais il n’y en avait aucune. Il entendait seulement les pas de Norman Wycoff résonner dans le couloir.
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